mercredi 17 décembre 2014

Poétique de l’écoumène, pulsation des choses / I. Favre

Stéphanie Cailleau Pierres Bleues
Stéphanie Cailleau, Pierres Bleues
(source)
Séminaire Mésologiques, CR de la séance du 28 novembre 2014

Poétique de l’écoumène, pulsation des choses

Isabelle Favre

And beauty born of murmuring sound
Shall pass into her face [1]

« Pulsation des choses » : cette expression m’a été inspirée par la lecture de l’anthropologue britannique Tim Ingold, et de sa Brève Histoire des lignes, lorsqu’il tente de définir ce que peut être une ligne abstraite. « Dans son essai Du Spirituel dans l’Art, Kandinsky explique que l’abstraction ne consiste pas à vider une œuvre de son contenu pour n’y laisser qu’un contour vide ou une pure forme géométrique. Elle suppose au contraire l’élimination de tous les éléments figuratifs ne renvoyant qu’à l’extériorité des choses, à savoir leur aspect extérieur, afin de révéler ce qu’il appelle leur « nécessité intérieure » […]. [C’est] la force de vie qui les anime et qui, vu qu’elle nous anime aussi, nous permet d’entrer en contact avec elle et de ressentir leur affectivité et leur pulsation de l’intérieur » [2].

mercredi 10 décembre 2014

La logique du haïku / A. Berque

Calligraphie
source
XXIIIes Lectures sous l’arbre, 17-24 août 2014
21 août, Le Chambon, À l’arbre vagabond

La logique du haïku

Augustin Berque


1. Définir le haïku
            La première édition du Petit Larousse (1906) ignore le haïku. Celle de 2001 le définit comme « Petit poème japonais constitué d’un verset de 17 syllabes ».  Le plus littéraire de nos grands dictionnaires, le Dictionnaire culturel en langue française d’Alain Rey (Le Robert, 2005, 5 vol.), le définit comme « Poème classique japonais de trois vers issu de la strophe nommée haïkaï, dont le premier et le troisième sont pentasyllabiques, le deuxième heptasyllabique (5-7-5, soit 17 syllabes) », et lui consacre en outre un encadré de deux demi-pages, où l’on peut lire entre autres que le haïku « condense une perception fugitive du monde sensible », où  « derrière l’apparente facilité et la spontanéité se cachent une rigueur formelle et une thématique très codifiée, où alternent et se mêlent notations sur la nature, les saisons, les travaux et les jours, les sentiments, comme dans ces trois variations sur l’averse :

mercredi 3 décembre 2014

Can we recosmize architecture ? / A. BERQUE

Filip Dujardin
(c) Filip Dujardin
(source)
JIA 建築家大会岡山2014/9/25-27
基調講演<建築の再コスモス化は可能か>
オギュスタン.ベルク
(英訳/English version)
The Japanese Institute of Architects 2014 Congress, Okayama
Keynote lecture

Can we recosmize architecture ?

Augustin BERQUE

1. Cosmicity and the origin of architecture
A dozen years ago, Rem Koolhaas ended a writing about what he has dubbed junkspace with the following sentence: “The cosmetic is the new cosmic”.[1] Though not dealing with literature, but with architecture and urban space, this text was in itself a perfect sample of junkspace, with not a single indented line in fifteen pages and no perceivable structuring of the prose, constituted with a rambling of assertions such as the following: “It [i.e. junkspace] replaces hierarchy with accumulation, composition with addition.

mardi 2 décembre 2014

Le concept de "spéciété" est-il opératoire ? / A. Berque

Proposed to the International Journal of Contemporary Sociology, special issue on “Sociality, culture and nature”.

Is the concept of speciety
rationally operative ?

by Augustin BERQUE

Monkeys Chao Shao-an
Monkeys (1960-70) Chao Shao-an (Hong Kong Heritage Museum)
(source)

Abstract – The paper discusses the validity of the concept of shushakai put forward by the Japanese naturalist Kinji Imanishi. It proposes to translate this concept with speciety, defining it as the fact of being a species as a society, not as a mere population ; a society endowed with subjecthood, thus possessing its own specific world and evolving in relation to that world, rather than to the environment in general. The point of view is that of mesology, i.e. the study of milieu as distinct from the environment, which is the object of ecology. Mesology in that sense corresponds to Umweltlehre in Uexküll’s sense, and to fûdogaku in Watsuji’s sense.

mercredi 26 novembre 2014

Is the concept of speciety rationally operative ? / A. Berque

Proposed to the International Journal of Contemporary Sociology, special issue on “Sociality, culture and nature”.

Is the concept of speciety
rationally operative ?

by Augustin BERQUE


Abstract – The paper discusses the validity of the concept of shushakai put forward by the Japanese naturalist Kinji Imanishi. It proposes to translate this concept with speciety, defining it as the fact of being a species as a society, not as a mere population ; a society endowed with subjecthood, thus possessing its own specific world and evolving in relation to that world, rather than to the environment in general. The point of view is that of mesology, i.e. the study of milieu as distinct from the environment, which is the object of ecology. Mesology in that sense corresponds to Umweltlehre in Uexküll’s sense, and to fûdogaku in Watsuji’s sense.

mercredi 19 novembre 2014

Comment les choses prennent forme / L. Boi


Structure d'un cristal de calcite Alessandro Da Mommio
Structure d'un cristal de calcite (grossissement : 10x).
© Alessandro Da Mommio (université de Pise)
source

Comment les choses prennent forme ? 

De la singularité en art et en mathématique

L. Boi (EHESS)

L’art et la mathématique ne sont pas que des activités rationnelles, des activités purement logiques, elles ont aussi affaire à des processus intuitifs et sensibles. Elles cherchent à saisir les transformations invisibles internes aux objets et aux choses, et en même temps elles en dévoilent leurs modes de manifestations. Elles ont en commun l’idée d’une générativité intrinsèque du monde, qu’elles travaillent de plusieurs façons et réinventent sans cesse.

Légende de Jakbirk / A. Berque

Le souq d’Imintanout en 1952 Gouache de Pierre Lissac
Le souq d’Imintanout en 1952.
Gouache de Pierre Lissac (grand-père maternel d'A. Berque)
source
Ce texte a été lu à l’inauguration de l’Institut d’études avancée de Nantes, 5 allée Jacques-Berque (inaugurée par la même occasion). Il a été publié dans  Awal. Cahiers d’études berbères, n° 40-41 (2009-2010), p. 208-211, et repris dans Le 5, allée Jacques-Berque, Nantes, Coiffard, 2011, p. 41-46.

Légende de Jakbirk aux Aït Mhand

par Augustin Berque

Résumé – Ce texte rend compte de la découverte faite lors d’un séjour en avril 2007 dans les Seksawa, sur le terrain où Jacques Berque, deux générations auparavant, avait préparé sa thèse Structures sociales du Haut-Atlas alors qu’il était contrôleur civil de la circonscription d’Imintanout (1947-1953) : la légende du hakim Jakbirk était désormais inscrite dans ce paysage.

            Legenda, « les choses qu’il faut lire ». Ce qu’il faut lire à propos de ce mot, légende, c’est qu’il a été emprunté à la fin du XIIe siècle au latinlegenda, neutre pluriel substantivé de l’adjectif verbal de legere, « lire », avec le sens de « vie de saint ». Il fallait en principe être clerc, et donc savoir lire, pour dire une légende ; mais en ces temps-là, heureusement, les légendes n’étaient pas seulement écrites en lettres latines sur des parchemins ; elles étaient inscrites en chaque lieu, manifestées par la terre même. Le paysage était donc une morale : chaque lieu y était un enseignement, car les faits du passé y étaient la forme des choses présentes. Seule restriction à ces legenda : il fallait, pour les transmettre, les dire de vive voix. De voix vivante, et non de lettres outre-tombe.

mercredi 12 novembre 2014

Qu’est-ce qu’habiter, au Japon ? / A. Berque

Maison en forêt Karuizawa
Maison en forêt Karuizawa (軽井沢 森の家)
YOSHIMURA Junzo Picture
©Manuel Tardits – à 軽井沢.
source
À paraître dans le catalogue de l’exposition « Japon, l’archipel de la maison », Le Lézard noir, 2014.
AVANT-PROPOS

Qu’est-ce qu’habiter, au Japon ?
par Augustin Berque


            Les maisons que vous allez regarder sont toutes différentes, mais elles ont toutes un trait commun – un trait fondamental, sans lequel ce ne seraient pas des maisons. Or ce trait-là, vous ne le verrez pas. Serait-il caché derrière un mur, dans une penderie, sous le plancher, sur l’autre pan du toit… ? Non ? Regardez mieux. Ou plutôt, non, ne regardez pas, fermez les yeux et imaginez-vous entrer dans l’une de ces maisons. Imaginez vos mouvements, vos sensations (bien entendu, si vous avez déjà l’expérience d’un intérieur nippon – un intérieur vraiment nippon, habité par des Japonais – cela aidera). Touchez, sentez, écoutez bien, soyez tout ouïe…
            Ça y est, vous avez trouvé ? Non ? Alors, je vais vous donner un indice : 諦めますか ?  Ce qui se lit : akiramemasu ka ? et signifie : « vous donnez votre langue au chat ? » ...

mercredi 5 novembre 2014

Point de parole et paysage / A. Berque

Mont Fuji Paru dans Revue des sciences humaines,
282 (2/2006), p. 29-40.

POINT DE PAROLE ET PAYSAGE
DANS LE HAÏKU
par Augustin BERQUE

École des hautes études en sciences sociales / CNRS

mardi 23 septembre 2014

Un joyeux pique-nique équinoxial 2014 !

Photo de pique nique
Comme chaque année, le pique nique Mésologiques a fait des émules, petits plats et grands sourires, soleil et Baron de Lestac pas planqué dans les sacs, gâteaux et préparations culinaires de tous horizons, ravissement des papilles et des papillons,

Pour Francine, qui nous organise dans la fête et la bonne humeur,

Merci !

mercredi 2 juillet 2014

La frontière épanouie / Letizia Nardi


M2 Ethnologie et Anthropologie sociale, EHESS 

La frontière épanouie

Réflexion mésologique sur le rôle du saumon dans l’Alaska contemporain

Letizia Nardi,

We have spent countless summer evenings grilling salmon under the midnight sun and savoring it in the dark of winter thanks to a fully stocked freezer. Salmon aren’t just another fish in Alaska – they are our lifeblood(extrait du site www.salmonlove.com)
            Dans ce texte, nous tenterons d’analyser, avec les outils conceptuels de la mésologie[1], la valeur que l’Alaska et ses habitants attribuent aujourd’hui au saumon.

mercredi 25 juin 2014

Mésologie, de milieu en art

Taxus baccata Didier Rousseau Navarre
Taxus baccata. 1996 Bois polychrome.
(CC) Didier Rousseau Navarre
Conférence inaugurale, Musée de Sartène,
12 juin – 14 septembre 2014
Mésologie, de milieu en art

Augustin Berque

1. Qu’est-ce que la mésologie ?

Le mot mésologie vient du grec mesos, « au milieu, médian », et logia, « théorie », de logos, « discours ». Cela veut donc dire « théorie des milieux ». Comme le rapporte le philosophe des sciences Georges Canguilhem (1904-1995), ce mot a été publiquement proposé le 7 juin 1848, à la séance inaugurale de la Société de biologie, par un jeune médecin disciple d’Auguste Comte, Charles Robin (1821-1885) :

lundi 9 juin 2014

De cosmologie en paysage : la naissance du jardin de lettré en Chine / A. Berque

Landscape in the Style of Various Old Masters  In the Style of Yang Sheng Wang Jian
Landscape in the Style of Various Old Masters:
In the Style of Yang Sheng
Wang Jian, (1598 - 1677)
(Yale University Art Gallery)
Paru dans Sylvain ALLEMAND, Édith HEURGON, Sophie de PAILLETTE (dir.), Renouveau des jardins : clés pour un monde durable ? Actes du colloque de Cerisy, Paris, Hermann, 2014, p. 54-57.
Centre culturel international de Cerisy-la-Salle, 3-13 août 2012
Colloque Renouveau des jardins : clefs pour un monde durable ?

De cosmologie en paysage :

la naissance du jardin de lettré en Chine

par Augustin Berque


1. Les parcs animaliers du temps des Han
Le mot chinois pour dire « jardin », yuán, est rendu par le caractère , qui combine  la clef , signifiant « enclos », et l’élément (yuàn), qui signifie « ample vêtement où l’on est à l’aise », mais est ici utilisé phonétiquement. Une étymologie moins courante interprète ce  comme synonyme de son presque homophone yuán , « haie ». D’autres sinogrammes sont également associés à l’idée de jardin ou de parc, mais celui-ci est le principal, et il a traversé l’histoire. On le retrouve par exemple dans le japonais den.en toshi 田園都市, qui a rendu l’anglais garden city.

vendredi 6 juin 2014

Sur la symbiose biologique, ou des relations entre vivants et milieux / Luciano Boi

Guêpe sur Epipactis helleborine Pierre la Treiche
Guêpe sur Epipactis helleborine
Pierre la Treiche, 11 juillet 2005
(source)

Sur la symbiose biologique

ou des relations entre vivants et milieux 

Luciano Boi
Résumé : 

Au cours d'un demi siècle (depuis le début des années 1950) la biologie, et tout particulièrement la biologie moléculaire, a considéré l'environnement, plus précisément les milieux naturels et culturels, comme une « extériorité » au vivant, à son développement tout comme à son évolution. Ainsi, la construction d'abord ontogénétique puis phylogénétique des organismes vivants a été coupée de leur histoire naturelle et culturelle.

mercredi 4 juin 2014

La biorégion urbaine / Alberto MAGNAGHI



La biorégion urbaineCompte rendu de
Alberto MAGNAGHI
La biorégion urbaine, petit traité sur le territoire bien commun
Paris, Association culturelle Eterotopia France, 2014, 174 p.
Traduit de l’italien par Emmanuelle Bonneau
Courriel : rhizome(at)eterotopiafrance(point)com


            Alberto Magnaghi, né en 1941, architecte et urbaniste, est professeur émérite à l’Université de Florence, où il dirige le Laboratoire du plan d’habitat écologique (Laboratorio di progettazione ecologicadegli insediamenti, LAPEI). Fondateur de l’école territorialiste italienne, il est président de la Société des territorialistes (Società dei territorialisti), qui est une association transdisciplinaire. Il a écrit de nombreux ouvrages, parmi lesquels on pouvait déjà lire en français Le projet local, Liège, Mardaga, 2003, que l’éditeur présente en ces termes sur Internet :

vendredi 30 mai 2014

Mésologie, musique et musique des sens / Marie-Pierre Lassus

Allegory of Music Frans Floris de Vriendt
Allegory of Music
(Frans Floris de Vriendt, c. 1570)
source

Mésologie, musique et musique des sens

Marie-Pierre Lassus


Musique : souffle des statues.
Ou bien : silence des images. Parole où la parole cesse. Temps perpendiculaire au naufrage des cœurs [1].


Résumé :  La musique est pour le musicien un milieu où il a lieu d’être. Au sein de cette matrice sonore qui lui préexiste et avec laquelle il entre en symbiose, une nouvelle subjectivité est « à naître » comme la musique elle-même qui a ici toutes les caractéristiques de la chôra platonicienne (A. Berque, 2012). L’écoute de cette relation, invisible mais concrète, entre sons et silences, dans la musique, un art où le repos est toujours agissant, est aussi au fondement de la vie en société selon G. Bachelard qui suggère d’«interpréter les silences et les timbres, toutes les résonances et tous les arpèges de la sympathie » du flux de la parole pour améliorer la qualité des rapports humains (M. Buber, 1936, Préface).

jeudi 29 mai 2014

Qu’est-ce qu’une intériorité nippone ? / Augustin Berque

L’intérieur-extérieur nippon idéalisé au Rikugi kôen (Tokyo)
L’intérieur-extérieur nippon idéalisé au Rikugi kôen (Tokyo).
Cliché Francine Adam, 11 mai 2005.
Société française des architectes / CNRS
Colloque international Le silence habité des maisons
–  23-24 mai 2014, SFA  –
Qu’est-ce qu’une intériorité nippone ?
Augustin Berque

Résumé – Le thème de l’intérieur (uchi ) est au Japon fort prégnant, de la définition de la personne à celle du territoire, en passant par la maison. Dans une conversation ordinaire, suivant l’occasion, le même terme uchi pourra correspondre au français « je », « chez moi », « ma famille », « notre entreprise », etc.. Dans le milieu nippon, la topologie du rapport dedans/dehors s’agence à diverses échelles, investissant l’intériorité du sujet dans des objets divers, ce qui diffère essentiellement de l’abstraction du « je » cartésien, mais traduit un aspect universel de l’habiter humain. 

1. Ce que nous appelons « maison »
Comme en anglais avec house et home, il y a en japonais deux termes courants pour dire « maison » : ie et uchi. Les deux termes peuvent être transcrits par le même sinogramme , qui selon le contexte pourra donc se lire soit ie, soit uchi ; il s’applique toutefois le plus généralement à ie. 

samedi 24 mai 2014

Poétique de la Terre / Augustin Berque (vidéo 4)

L'Antre de la Femelle obscure, au Kunlun  Augustin Berque
L'Antre de la Femelle obscure, au Kunlun 
(Augustin Berque, encre sur papier, 1970)

Poétique de la Terre 4/4



Interview filmée d'Augustin Berque autour de son dernier ouvrage Poétique de la Terre. Histoire naturelle et histoire humaine (Paris, Belin, 2014) (épilogue)




 Réalisation : 
Romaric Jannel & Yoann Moreau, Palaiseau le 08 mars 2014

jeudi 22 mai 2014

Poétique de la Terre / Augustin Berque (vidéo 3)

Le jardin de la Trajection (Yû no niwa). Tôkaian, Myôshinji, Kyôto
Le jardin de la Trajection (Yû no niwa).
Tôkaian, Myôshinji, Kyôto.
Cliché Philippe Bonnin, 16 décembre 2011.

Poétique de la Terre 3/4


Interview filmée d'Augustin Berque autour de son dernier ouvrage Poétique de la Terre. Histoire naturelle et histoire humaine (Paris, Belin, 2014)










Réalisation :
Romaric Jannel & Yoann Moreau, Palaiseau le 08 mars 2014


mercredi 14 mai 2014

Poétique de la Terre / Augustin Berque (vidéo 2)

Le jardin de la Substance (Tai no niwa). Tôkaian, Myôshinji, Kyôto
Le jardin de la Substance (Tai no niwa).
Tôkaian, Myôshinji, Kyôto.
Cliché Philippe Bonnin, 16 décembre 2011.

Poétique de la Terre 2/4



Interview filmée d'Augustin Berque autour de son dernier ouvrage Poétique de la Terre. Histoire naturelle et histoire humaine (Paris, Belin, 2014)




Réalisation :
Romaric Jannel & Yoann Moreau, Palaiseau le 08 mars 2014

mercredi 7 mai 2014

Poétique de la Terre / Augustin Berque (vidéo 1)

Le jardin de l’Insubstance (Mu no niwa). Tôkaian, Myôshinji, Kyôto.
Le jardin de l’Insubstance (Mu no niwa).
Tôkaian, Myôshinji, Kyôto.
Cliché Philippe Bonnin, 16 décembre 2011.

Poétique de la Terre 1/4


Interview filmée d'Augustin Berque autour de son dernier ouvrage Poétique de la Terre. Histoire naturelle et histoire humaine (Paris, Belin, 2014)




Réalisation :
Romaric Jannel & Yoann Moreau, Palaiseau le 08 mars 2014

jeudi 24 avril 2014

Qu'est-ce qu'une poétique de la Terre ? / A. Berque sur Rfi

Poétique de la Terre Augustin Berque

Qu'est-ce qu'une poétique de la Terre ?

Rfi / Augustin Berque

A l'occasion de la parution de son dernier ouvrage, Rfi a invité le géographe et philosophe Augustin Berque autour de la question suivante : « Qu'est-ce qu'une poétique de la Terre ? »

Renaturer la culture, reculturer la nature, par l’histoire : tel est le propos du livre Poétique de la Terre. Il commence, en première partie, par la question du sujet, en montrant que l’exaltation du sujet individuel moderne a entraîné une décosmisation qui à terme est mortelle, car aucun être ne peut vivre sans un monde commun (kosmos). Nous devons donc recosmiser notre existence. La seconde partie montre que l’arrêt sur objet propre à la modernité aboutit à dépouiller les choses de leur sens, faisant notamment du langage une aporie. Nous avons à remettre les mots et les choses dans le fil de leur histoire commune (leur croître-ensemble : concrescence), c’est-à-dire à les reconcrétiser. La troisième partie montre enfin que réembrayer la nature et la culture passe nécessairement par la question du rapport entre histoire et subjectivité, ce à tous les degrés de l’être, allant, par l’évolution, de la vie la plus primitive jusqu’à la conscience la plus humaine... (4ème de couverture de l'ouvrage Poétique de la Terre d'Augustin Berque aux Editions Belin).


mercredi 23 avril 2014

De la nécessité... / R. Jannel

Apotryptophanae Damien Hirst
Apotryptophanae (Damien Hirst,1994)
source

Espacestemps.net (avril 2014)

De la nécessité de ne pas s’ignorer

Vers une linguistique mésologique

Romaric Jannel

Résumé : L’effervescence de la linguistique contemporaine doit beaucoup aux travaux de Noam Chomsky. Les postulats de ce penseur n’en demeurent pas moins de simples réductionnismes, niant la complexité ayant induit tant la genèse que l’évolution du langage et des diverses langues. Une bonne compréhension des phénomènes langagiers doit être recherchée dans la concrescence humain-milieu, écartant par là même toute forme de déterminisme. Cette analyse mésologique du langage, tout à fait caractéristique de ce que pourrait être une pensée complexe, est une nécessité épistémologique et éthique. Si le déterminisme est ici entendu comme un réductionnisme, et si les thèses chomskyennes tiennent de cela, il n’en reste pas moins que Noam Chomsky parvint à construire un véritable corps de doctrine avec ses auteurs, ses livres et ses colloques.

mercredi 16 avril 2014

Poisson
Ebisu n° 49 (printemps-été 2013)
 

Tétralemme et milieu humain

– la mésologie à la lumière de Yamauchi 


par Augustin BERQUE

Résumé – On rapproche les principaux concepts de la mésologie – prise, médiance, trajection… – de la logique du lemme mise en avant par Yamauchi Tokuryû dans Logos et lemme. L’ordre où celui-ci, dans le tétralemme, place la binégation avant la biassertion, en particulier, est rapproché de la définition de la réalité des milieux comme r = S/P (S en tant que P). La logique des milieux (vivants en général ou humains en particulier) serait donc une lemmique.
Mots clefs – Lemme, médiance, milieu, prise, tétralemme, trajection, Yamauchi.

lundi 7 avril 2014

Prochain séminaire, vendredi 11 février 2014 / Marie-Pierre Lassus

Le chant des anges William Bouguereau
Le chant des anges
William Bouguereau (1881)
(source)
Séminaire « Mésologiques », 10e séance : 11 avril 2014

Mésologie, musique et musique des sens

Par Marie-Pierre Lassus[1]

Résumé : La musique est pour le musicien un milieu où il a lieu d’être. Par le dialogue qu’elle instaure entre les silences et les sons qui la constitue, elle devient un support d’existence et revêt une connotation vitale pour les membres d’un orchestre. Je m’appuierai sur ma pratique de musicienne et sur l’expérience du jeu d’orchestre en milieu carcéral et psychiatrique pour confirmer cette  capacité de la musique, art non verbal et non visuel, à entrer en relation immédiate avec des sujets coupés du monde et d’autrui, appelés à « croître-ensemble » en ce milieu où ils sont immergés et qu’ils apprivoisent en apprenant à sentir(e) c’est-à-dire à écouter (en italien, le terme générique de la sensibilité signifie aussi écouter). Au sein de cette matrice sonore qui leur prééxiste et avec laquelle ils entrent en symbiose, de nouvelles subjectivités sont « à naître » comme la musique elle-même qui a ici toutes les caractéristiques de la chôra platonicienne (A. Berque, 2012).

mercredi 2 avril 2014

Préface à "Pour un vocabulaire de la spatialité japonaise" / A. Berque

Couple with a Standing Screen K. Utamaro
Couple with a Standing Screen (1797 ) K. Utamaro
Museum of Fine Arts, Boston
(source)
Préface à Pour un vocabulaire de la spatialité japonaise 
(dir. P. Bonnin)

par Augustin Berque

            Si la spatialité nippone fascine en Occident, c’est d’abord dans les milieux de l’architecture, comme il se doit puisque ce sont les architectes qui s’occupent de mettre l’espace en formes concrètes. On ne s’étonnera donc pas que ce soit un architecte, Philippe Bonnin, qui ait entrepris de réaliser un Vocabulaire de la spatialité japonaise. Mais pour cet architecte qui est aussi anthropologue, il ne pouvait s’agir seulement d’un dictionnaire de l’architecture japonaise. L’entreprise va bien au delà, car elle part d’une interrogation anthropologique sur ce que c’est concrètement que l’espace dans la culture nippone. Certes, on peut se poser une pareille question à propos de toutes les cultures humaines ; mais il y avait dans le cas du Japon des raisons plus pressantes de le faire. D’où l’intérêt tout particulier de ce Vocabulaire, qui réussit l’exploit d’y apporter une réponse coordonnant une approche pluridisciplinaire, ayant mobilisé pendant plusieurs années des dizaines de chercheurs venus de champs divers.

mercredi 26 mars 2014

Où réside l'esprit du lieu ?

Paysage à Champrosay Eugène Delacroix
Paysage à Champrosay (Eugène Delacroix,vers 1849)
MuMa - Musée d'art moderne André Malraux
(source)

Où réside l'esprit du lieu ? 

A. Berque

Vidéo (83 min)

Contexte de production :
La première chaire de l’Université de Corse est intitulée "Développement des territoires et innovation". A l’heure où l’occupation et l’aménagement de l’espace deviennent des problématiques cruciales en Corse, l'Université de Corse apporte une contribution à la réflexion en matière de paysage, d’architecture et d’urbanisme. Penser de façon équilibrée la relation société/environnement, en assumant tout à la fois les dimensions économique, technologique et symbolique du milieu humain, engendrer un dialogue entre conception théorique et pratique de terrain, voilà la double ambition de cette chaire proposée par la Fondation de l'Université de Corse et le Laboratoire Lieux, Identités, eSpaces et Activités (CNRS / Université de Corse).

jeudi 20 mars 2014

Milieu urbain et socialité nippone / P. Marmignon

EHESS, Paris, le 14 mars 2014, séminaire "Mésologiques: philosophie des milieux"
Paysage éclectique, Ôsaka, Kita-ku
Paysage éclectique, Ôsaka, Kita-ku
(cc) P. Marmignon, 2000

Milieu urbain et socialité nippone

P. Marmignon

Cette conférence, dans le domaine des « études urbaines » est centrée sur l’interaction entre la socialité et la spatialité urbaine nippone, et porte sur le jeu des acteurs en matière d’aménagements urbains. Il s’agit de présenter « la socialité nippone » à partir du milieu nippon tissé de son histoire dans sa « chaîne trajective », c’est-à-dire, selon Berque, élaborée progressivement de la subjectité, par et dans la relation des Japonais avec leur milieu.

mardi 11 mars 2014

Prométhée généticien / C. Calame

Prométhée G. Moreau
Prométhée, G. Moreau (1868)

 Prométhée généticien ?

Pour dépasser l'opposition 'nature/culture', une perspective anthropopoiétique

Claude Calame (EHESS, Paris)

La distinction en contraste entre nature et culture a en quelque sorte été canonisée par la pensée structurale des années 70 du siècle dernier. Elle tire apparemment son origine de la réflexion universalisante des Lumières européennes sur les sociétés des hommes ; et cela de deux points de vue.
            D’une part, objectivée, une « nature » est posée face à la raison de l’être humain ; une raison qui se définit en son autonomie, affranchie qu’elle est désormais du pouvoir divin et des instances surnaturelles. La nature devient une nature-objet sur laquelle l’homme raisonnable peut agir et dont il pourra exploiter les ressources ; selon l’une des définitions proposées par d’Alembert dans l’Encyclopédie (Paris 1751-1765/1772), la nature c’est « l'ordre et le cours naturel des choses, la suite des causes secondes, ou les lois du mouvement que Dieu a établies » (c’est-à-dire la  nature physique, soumise aux lois formulées par Newton). 

vendredi 7 mars 2014

La mésologie, pourquoi et pourquoi faire ? / A. Berque (vidéo)

Augustin Berque

Université Laval, février 2014

La mésologie, pourquoi et pourquoi faire ?

A. Berque


Définie en 1848 comme science des milieux, la mésologie est née dans les travaux d’un disciple d’Auguste Comte, le médecin Charles Robin. Après de brillants débuts, son champ trop vaste devait plus tard s’écarteler entre l’écologie d’une part, les sciences sociales de l’autre. Sous l’influence de la phénoménologie, elle a été refondée sur de tout autres bases au XXe siècle, en Allemagne par le naturaliste Jakob von Uexküll, précurseur de l’éthologie et de la biosémiotique, et au Japon par le philosophe Tetsurô Watsuji.

Milieu, morphose, phénomène / Journée d'étude

Jonah and the Whale Pieter Lastman
Jonah and the Whale (1621)
Pieter Lastman | Museum Kunstpalast, Düsseldorf
(source)

Milieu, morphose, phénomène

Journée d’étude

Laboratoire d’éco-anthropologie et d’ethnobiologie, UMR 7206 –  USM 104 du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) en association avec l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS)

15 mars 2014, de 10 h à 18 h
Amphithéâtre Rouelle
Muséum national d’histoire naturelle, Bâtiment de la Baleine, Jardin des plantes, 47 rue Cuvier, 75005 Paris (métro Jussieu ou Gare d’Austerlitz)
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mercredi 5 mars 2014

Les formes et les interactions / L. Boi

Jean-Jacques Rousseau, vue depuis son pavillon d'Ermenonville gravure
Jean-Jacques Rousseau,
vue depuis son pavillon d'Ermenonville,
gravure (19e siècle, d'après G.F. Meyer)
source

Les formes végétales et les interactions homme-nature : de Rousseau à quelques idées récentes de la botanique

Luciano Boi (EHESS-CAMS / Équipe de Mésologie)

« Une plante est un chant dont le rythme déploie une forme certaine, et dans l’espace expose un mystère du temps. » 
(Paul Valéry, Dialogue de l’arbre, 1943.)

1. Observation, théorisation et la corrélation entre sujet et objet

En face du monde naturel en général et de celui végétal en particulier, il faut beaucoup d’attention, et une méditation particulière, vouées à l’observation et ouvertes à la contemplation en même temps. Il s’agira d’une attention capable d’accueillir d’abord les appels qui viennent des choses avant même de les analyser avec un point de vue arrêté. C’est dire que l’observation ne doit pas se fonder sur des préjugés et encore moins être dictée par des dogmes, encore qu’elle peut s’inspirer de conceptions antérieures et être orientée par des points de vues existants qui nous indiquent seulement la perspective selon laquelle il convient d’observer.

mercredi 26 février 2014

Prochain séminaire, vendredi 28 mars 2014 / Takashi Kurata sensei

Gouache doro-e de la collection Yanagi
Gouache doro-e de la collection Yanagi,
présentée dans la revue Kōgei, 1937. Mingeikan, Tōkyō.
Mesological life in 1928
Takashi Kurata
Associate professor (philosophy)
Research Institute for Humanity & Nature (RIHN), Kyoto, Japan

In 1928, there were 3 epoch making events related to Mesology in Japan.
First of all, Japanese philosopher, Tetsuro Watsuji, started the lecture on Mesology from a philosophical viewpoint at the first time in this year, focusing on the Japanese word Fudo (milieu) and investigating the various phenomena of interactions between human cultures and natural environments. This lecture was published under the title, Fudo, afterwards.
Secondly, Koji Fujii, who was the first environmental engineer on architecture in Japan, published his main work, Residence in Japan, and built his own house of modern-ecological style, assimilating its construction to the climate and nature in Japan. This house was named Chochikkyo, which literally means the residence listening to the sound of bamboo.

vendredi 7 février 2014

Prochain séminaire

Brain mapping Laura DeVito
Brain mapping, Laura DeVito
(source)
Prochain séminaire, vendredi 14 février, 18-20h, Grand Amphithéâtre, EHESS

Handicap neurologique : une mésologie clinique ? 

D. Ejnes (médecin de réadaptation), E. Ladet (architecte)

Les intervenants proposent de questionner la nature des rapports entre une personne présentant un handicap neurologique et son milieu de vie. Il s'agira d’illustrer l’apport de la mésologie dans leurs disciplines respectives, d’ouvrir de nouvelles perspectives dans les champ de la recherche clinique et architecturale. Dans un premier temps, Daniel Ejnes présentera les principaux aspects du handicap neurologique et ses conséquences, à partir du concept de la Classification Internationale du Handicap mettant en évidence l’importance de relier et non d’opposer le modèle biomédical et le modèle environnemental autour du terme de « situation de handicap ». A partir de ces fondamentaux, Emmanuelle Ladet exposera comment ils peuvent être intégrés dans un projet architectural d’habitat de vie et de soins adapté, individuel ou collectif. 

jeudi 30 janvier 2014

D'une érotique du lieu / M.-R. Di Giorgio

Salvador Dali
The Phantom Cart, Salvador Dali (1933)
(Yale University Art Gallery)
Chaire Développement des Territoires et Innovation - Inguernu
Territorialité, spiritualité : où réside l'esprit du lieu ?

D'une érotique du lieu

Par Marie-Rosalie Di Giorgio


Je voudrais d’abord remercier la Fondation de l’Université de Corse et plus particulièrement Vannina Bernard-Leoni pour cette invitation dans le cadre de cette session hivernale de la Chaire Développement des Territoires et Innovation. Cette invitation a été pour moi l’occasion de découvrir les travaux d’Augustin Berque. J’ai lu ainsi quelques ouvrages pour me familiariser avec l’esprit du lieu dans lequel j’allais intervenir et j’ai trouvé cette pensée très originale et prenant en compte la complexité de la réalité humaine. Et puis, dans ma pratique, cela m’a donné l’occasion de prendre conscience de la place qu’occupe le rapport aux lieux pour un grand nombre de patients. Jusque là, ce rapport était bien sûr travaillé dans les cures mais sans que je l’isole en tant que tel. Mettre la focale sur ce point pour ce travail m’a beaucoup intéressée. J’ajouterai que j’ai apprécié les échanges préalables à la session, qui ont nourri ma réflexion et m’ont permis d’ajuster mon propos. Ce qui vient confirmer que la rencontre de différentes disciplines apporte toujours un gain au niveau du savoir.