mercredi 6 janvier 2016

La perception de milieu en Égypte ancienne / Claire Somaglino


Faience dish decorated with a scene of the River Nile
1340 av. J.-C. - 1200 av. J.-C.
(source)
Compte rendu du séminaire "Mésologiques" pour la séance du vendredi 11 décembre 2015

La perception du milieu en Égypte ancienne 

au prisme de la toponymie

Claire Somaglino

Les anciens Égyptiens ont laissé peu de textes ou de représentations qui explicitent leur perception de l’espace dans lequel ils évoluaient. La catégorie du « paysage » n’existe pas à cette époque et il faut donc trouver d’autres entrées pour appréhender leurs interactions avec leur milieu. La toponymie constitue à ce titre un outil essentiel car dénommer les lieux est un acte symbolique fort et particulièrement révélateur des relations hommes-milieu. Dans cette perspective, l’approche proposée par la mésologie s’est révélée être particulièrement opératoire pour comprendre la construction et l’évolution du milieu en Égypte antique.
Quelques mots tout d’abord du donné environnemental brut. La géographie de l’Égypte est marquée par de forts contrastes. Entre la vallée et les déserts qui l’enserrent tout d’abord. Le Nil, élément majeur du paysage, est entouré d’une bande plus ou moins large selon les endroits, de terres cultivables. Les montagnes ou le plateau désertique sont la plupart du temps présents en arrière-plan [fig. 1]. Le Delta, beaucoup plus humide, présente une topographie très différente et beaucoup plus plate. La côte méditerranéenne, qui a constamment évoluée, est marquée par la présence d’une série de lacs littoraux.
La crue annuelle du Nil était d’une importance primordiale dans le cadre de la société agraire qui était celle de l’Égypte antique. Elle montait progressivement durant le mois de juillet pour atteindre sa plénitude mi-septembre et lentement décroître dans les mois qui suivaient. Sa hauteur conditionnait l’abondance de la récolte ; la période de la crue permettait également de naviguer plus aisément sur le fleuve et de transporter des charges plus lourdes. Le fleuve, de manière générale, constitue l’axe principal du pays et c’est d’ailleurs par rapport au sud, d’où il provient, que les Égyptiens s’orientaient.



À partir de là, comment les Égyptiens envisagent-ils leur place dans l’univers ? Quelques rares représentations de celui-ci – tardives – existent. Des bribes dans les textes religieux les plus anciens, puis des récits mythiques plus organisés, là encore aux époques tardives, permettent également de s’en faire une idée.
Pour comprendre ces représentations – et avant de les décrire donc – il faut d’abord comprendre comment les Égyptiens conçoivent la création.  Il n’y eut jamais un seul récit de la création du monde, mais plusieurs, selon les lieux et les théologies[1]. Les mythèmes, puis les récits mythiques achevés, décrivent l’avant-création, lorsqu’il n’y avait que le Noun, terme égyptien qui désigne un mélange d’eau et de ténèbres, signifiant par là qu’il n’y avait encore ni espace, ni temps[2]. Ni espace ni temps, car rien n’était encore « séparé » : ni le ciel de la terre ; ni le un du deux. Avant la création, c’était, d’après les textes des Sarcophages, une composition funéraire du Moyen Empire, l’état lorsque « deux choses n’existent pas sur cette terre »[3]. Bref, l’inerte, l’incréé… tout est là, mais à l’état de germe et de potentialité. Ce qui se passe ensuite varie selon les récits. L’un des plus répandus présente un dieu créateur solaire qui prend conscience de lui-même dans cet incréé, et qui entame le processus de création seulement après avoir fait émerger des eaux une butte sur laquelle il peut prendre appui – une image qui rappelle tout à fait celle des collines et des terres élevées qui seules restaient hors d’eau durant les mois de l’inondation[4]. Puis l’espace est créé lorsque le dieu qui symbolise l’air, Chou, sépare Nout – le ciel, de Geb – la terre.
Mais cette création n’est pas définitive : l’univers créé lors de la « première fois » est entouré par le Noun, par cet incréé liquide et ténébreux qui marque les frontières de la création. D’où la nécessité de renouveler constamment cette « première fois ». À noter que ce Noun irrigue la création elle-même, puisque le Nil en est issu.
La première représentation connue de l’univers figure sur le plafond du cénotaphe du roi Séthi I en Abydos (Nouvel Empire, XIXe dynastie, v. 1290-1279 av. J.-C.) [fig. 2][5]. Geb, le dieu de la terre, n’y est pas encore figuré, mais on voit Nout, la déesse du ciel, séparée de la surface terrestre par le dieu Chou, l’air. Chaque soir, Nout avale le soleil qu’elle remet au monde au matin[6]. Cette représentation se retrouve de manière simplifiée sur plusieurs papyrus funéraires plus tardifs destinés à des particuliers[7].


Le couvercle du sarcophage d’Ouresh-nefer provenant de Saqqara et datant de 380-300 av. J.-C. présente quant à lui une variante plus complexe de cette représentation de l’univers [fig. 3][8]. Le monde apparaît sous la forme d’une série de cercles, représentant les pays étrangers et les différentes régions de l’Égypte, qui doivent être envisagés comme étant entre Geb et Nout représentés autour de ces cercles, mais aussi entre les espaces que parcoure le soleil diurne et nocturne, représentés dans le cercle intérieur.





Dans les figurations égyptiennes, de manière générale, les indications spatiales sont rares. Un sol inégal, quelques plantes basses signalent le désert ; les marais sont plus fréquemment représentés, mais de manière très stéréotypée : un très haut fourré de papyrus, de l’eau, des poissons et des canards sauvages. Tout cela selon des conventions qui évoluent peu en 3000 ans. Il ne semble donc pas y avoir eu d’intérêt pour la représentation paysagère.
Une seule « carte », ou plutôt un itinéraire est connu : il s’agit de la carte dite des « mines d’or », datant sans doute du règne de Ramsès IV (XXe dynastie) et conservée au musée de Turin[9]. Elle figure un ou plusieurs ouadi du désert oriental, où se trouvaient des carrières de grauwacke et des mines d’or.
Le monde des morts est en revanche davantage figuré, mais là aussi avec des indications très schématiques. Le livre des Deux chemins, représentés sur le fond de certains cercueils du Moyen Empire, montre un espace à la fois céleste et souterrain, parcouru de voies d’eau et de chemins, interrompus par des obstacles, parsemés de bâtiments[10]. Le défunt doit en particulier réussir à franchir des portes et éviter un certain nombre de monstres et de forces mauvaises. À partir du Nouvel Empire, le livre de l’Amdouat et d’autres grandes compositions funéraires royales développent ces figurations de l’au-delà[11].

La documentation égyptienne livre en revanche un important corpus de toponymes. J’aimerais tout d’abord revenir brièvement sur l’importance de la nomination des lieux pour l’étude de la perception du milieu.

Différents processus sont à l’œuvre lors de la création d’un nom de lieu ; les toponymes prennent racine chez les populations qui pratiquent quotidiennement un espace donné, ou bien sont imposés par les autorités politiques, pour qui nommer l’espace est un acte aussi important que le délimiter[12]. La nomination crée véritablement les lieux. Elle les ordonne, les fait entrer dans un système cohérent qui permet d’appréhender mentalement l’espace vécu ou imaginé. Elle est de ce fait un processus primordial, qu’il s’agisse de localiser, de mémoriser, de comprendre, ou encore de rendre l’espace intelligible en intégrant les lieux dans la trame d’un récit intelligible de l’espace. Les toponymes sont, pour citer Bertrand Westphal, le symbole du « passage de l’ouvert au maîtrisable »[13].
Les noms de lieux constituent une part importante de la définition de l’identité spatiale d’une société. Ce ne sont pas de simples indications topographiques ; les toponymes sont porteurs de sens, ils renferment des références culturelles et mémorielles. Le fait que la perte du sens d’un toponyme – quelle qu’en soit la raison : évolution ou changement de la langue pratiquée, obscurcissement de ce qui a motivé le choix du nom de lieu – ait souvent été jugée gênante et ait suscité des phénomènes de remotivation toponymique en est une preuve. Il devient alors nécessaire de les réintégrer dans la trame générale du système toponymique en fonctionnement. La recherche de l’origine du toponyme désormais obscur entraîne l’apparition de nouvelles étymologies, souvent éloignées de la motivation originelle d’ailleurs ; elles peuvent résulter d’une construction volontaire ou découler de l’imaginaire collectif, au sein d’un récit, inventé ou réinventé, faisant appel à l’histoire, la religion ou la culture, et qui entretient le lien avec l’espace.

Je viens d’employer l’expression « système toponymique ». Donnons-en immédiatement une définition, car cela me semble être une notion clé pour l’étude des toponymes. Je reprends ici celle qu’a élaborée X. Gouvert : « on est convenu d’appeler système toponymique l’ensemble des noms de lieux dont la notoriété est répandue au sein d’une même communauté de locuteurs. Il ressort de cette définition qu’il existe nécessairement dans chaque domaine linguistique non pas un, mais plusieurs et le plus souvent une multitude de systèmes toponymiques enchâssés ou entrecroisés »[14].
Il s’agit par là de « contextualiser » davantage les toponymes étudiés, en les envisageant non plus seuls et/ou pour leur simple sens locatif, mais au sein d’ensembles formant un ou plusieurs systèmes. En effet, les toponymes constituent des références spatiales mais aussi culturelles, communautaires, fonctionnant les unes par rapport aux autres.

Revenons maintenant à l’Égypte[15]. On peut tout d’abord, sur le temps long de l’histoire égyptienne, distinguer plusieurs systèmes toponymiques selon les langues employées. Toponymes en égyptien ancien, grec, copte et arabe, se succèdent, s’entremêlent, cohabitent ou s’affrontent au sein de l’espace égyptien.

Naissance de la royauté égyptienne v. 3000 av. J.-C.
Ancien Empire : v. 2592-2150 av. J.-C. (dynasties III à VI)
1re Période intermédiaire : v. 2150-1980 av. J.-C. (VIIe à milieu XIe dynasties)
Moyen Empire : v. 1980-1720 av. J.C. (milieu XIe à milieu XIIIe dynasties)
2e Période intermédiaire : v. 1720-1539 av. J.-C. (milieu XIIIe à fin XVIIe dynasties)
Nouvel Empire : v. 1539-1077 av. J.-C. (dynasties XVIII à XX)
3e Période intermédiaire : v. 1076-655 av. J.-C. (dynasties XXI à XXV)
Basse Époque : v. 655-332 av. J.-C. (dynasties XXVI à XXX)
Époque gréco-romaine : 332 av. J.-C. – 395 apr. J.-C.
            332 av. J.-C. : conquête de l’Égypte par Alexandre le Grand
            30 av. J.-C. : l’Égypte devient une province romaine
Époque byzantine : 395 – 641
641 : conquête arabe

On observe alors des phénomènes de renomination, transcription ou encore traduction des toponymes[16]. Les renominations n’entraînent pas toujours la disparition du toponyme ancien, qui peut continuer à être utilisé de manière vernaculaire et ressurgir dans la documentation quelques siècles plus tard.

Plusieurs systèmes toponymiques cohabitent également au sein de chaque séquence chronologique et linguistique. Là aussi en se croisant et s’entremêlant. On peut, schématiquement, distinguer :
-  la toponymie religieuse, dont la fonction évocatoire créée véritablement une Égypte « telle qu’elle doit être ». Les inscriptions géographiques gravées sur les parois des temples par exemple développent une vision du territoire qui a pour but d’expliquer son origine et de le protéger religieusement, mais qui n’a plus un rapport strict avec les découpages administratifs qui leur sont contemporains.
-  la toponymie funéraire, qui entremêle toponymes réels et inventés, créant des correspondances entre ce monde et l’autre.
-  la toponymie administrative et la toponymie « vécue » – microtoponymie des champs et des villages en particulier.
Si l’on pousse l’analyse au plus loin, chaque petite communauté villageoise a un système toponymique qui lui est propre, composé des noms de lieux de son environnement immédiat et de quelques toponymes plus lointain, qui symbolisent davantage pouvoir ou religion, qu’un lieu concret.

Je vais maintenant développer plusieurs études de cas, en relation avec les différents systèmes toponymiques qui sont connus à l’époque pharaonique.


Toponymie et religion : un monde idéal ; une toponymie du dévoilement[17].

La toponymie que je qualifie de religieuse est celle qui est issue des spéculations des prêtres. Ceux-ci inventent des noms de lieux, en particulier des noms de sanctuaires, ou des « surnoms religieux », mais aussi intègrent les toponymes existants dans des présentations d’un espace idéal, en relation avec des mythes ou des croyances. Il s’agit par là donc de révéler un espace idéal et préexistant, mais aussi de le rendre efficient par la performativité du nom.
La sphère religieuse, à toutes les époques, a assumé un rôle essentiel dans la réinterprétation des noms de lieux et l’élaboration de légendes toponymiques. Les phénomènes de remotivation ont ainsi été particulièrement exploités par les prêtres de l’Égypte pharaonique comme gréco-romaine.

Ceux-ci s’expriment tout particulièrement dans les inscriptions géographiques des temples tardifs, ainsi que dans les encyclopédies sacerdotales copiées sur papyrus. Ces textes transmettent un modèle normalisé de la géographie égyptienne de tradition pharaonique, qui propose une mise en ordre du monde, en attribuant à chaque lieu un ou des référents religieux spécifiques. Chaque province du royaume reçoit des attributs, parfois – mais pas obligatoirement – accrochés à la réalité des cultes, et une fonction dont la collection forme à la fois un rempart religieux de protection du territoire et un système d’approvisionnement en offrande nécessaire au maintien du fonctionnement des cultes, et donc de l’ordre du pays.
Sur la chapelle blanche de Sésostris I édifiée dans le temple d’Amon à Karnak (autour de 1950 av. J.-C), les inscriptions du soubassement détaillent pour chaque région d’Égypte, son nom, celui de sa divinité tutélaire et de son sanctuaire principal, ainsi que ses dimensions. Chacune des composantes du territoire égyptien est ainsi caractérisée par son extension dans l’espace, son nom qui précise donc son identité, et les caractéristiques – en l’occurrence religieuses – qui le qualifient. L’ensemble affirme et impose une lecture cohérente de l’espace égyptien, qui ne correspond pas nécessairement à une réalité vécue.
Plus tard, dans le cadre du développement du mythe osirien (Osiris, dieu des morts) au premier millénaire avant J.-C., les prêtres ont sélectionné et réinterprété, en créant très souvent des légendes onomastiques, un certain nombre de toponymes pour les inclure dans un nouveau système, cohérent et spécifique à la théologie du dieu Osiris. La construction de ce système toponymique avait pour objectif de souligner la cohésion de l’Égypte en mettant, par analogie, l’accent sur l’intégrité physique retrouvée du dieu Osiris, qui avait été tué et démembré par son frère Seth, avant que son corps ne soit rassemblé par sa sœur-épouse Isis.

Penchons-nous maintenant sur le cas des « surnoms » de l’Égypte aux époques tardives[18].
La majorité des textes religieux que nous connaissons datent de la Basse-Époque et de l’époque ptolémaïque. Les temples gréco-romains, qui sont les mieux préservés, sont en effet couverts de textes et de scènes légendées, déployant les mythes liés à une divinité et les différents aspects de celle-ci. Dans ces textes, à partir de la Basse-Époque, on note l’emploi de nouvelles désignations de l’Égypte dans son entier, qui constituent des sortes de « surnoms »[19]  du pays, très souvent en relation avec la divinité mentionnée ou le rituel représenté.
Jusqu’à la Basse-Époque, le pays était essentiellement nommé tȝ pn, « cette terre », tȝ.wy, le « double pays » (allusion à la Haute et la Basse-Égypte), jdb.wy (Ḥr), « les Deux-Rives (d’Horus) » (Horus étant le dieu de la royauté, dont le roi assume la fonction sur terre), ou à partir du Moyen Empire Kmt, « la terre noire » (vallée) – par opposition à dšr.t « la rouge » (le désert) – et tȝ-mrj, qui désigne à la fois le pays aimé et la terre d’héritage. La création de nouveaux « surnoms » de l’Égypte à partir de la Basse-Époque est motivée par des explications mythiques ou une perception particulière de l’espace. Ceux-ci cherchent à donner, voire même à créer magiquement, l’image d’une Égypte idéale et parfaite. Chacun porte un sens spécifique, soulignant une qualité particulière de l’espace égyptien. Le sens locatif n’est donc pas primordial.
La vision duelle du pays, réunifié sous l’égide du roi, est soulignée par plusieurs surnoms, dans la continuité d’une veine déjà exploitée aux époques précédentes (tȝ.wy, jdb.wy). Ainsi jz.ty, « les Deux-palais » ou bȝ.ty, « les Deux-buissons », évocation des plantes tutélaires de l’Égypte ou des fourrés de papyrus qui abritèrent le jeune dieu Horus. Citons encore psš.ty, « les Deux-Parts », qui fait allusion aux portions de territoire héritées par les dieux Horus et Seth (vallée et déserts), qbḥ.wy, « les Deux-Réservoirs », ou jtr.ty, « les Deux-Rangées-de-chapelles », qui définit l’Égypte comme la somme de ses sanctuaires.
Les caractères d’intégrité et de complétude du pays sont quant à eux actualisés dans d’autres surnoms, en particulier Bȝqt. Issu de la racine bȝq, qui signifie « être brillant, être sauf », il désigne l’Égypte comme « la Brillante, l’Immaculée », par analogie avec l’œil divin. Ces surnoms se réfèrent à une Égypte entière et intacte, à l’image de l’œil du dieu Horus, blessé puis soigné. Cette vision du pays comme une réunion de ses différentes parties – et en particulier de ses sanctuaires –, assimilée à l’œil divin intact est encore subtilement illustrée par une scène du temple de Kom Ombo datant de Marc-Aurèle : les principales villes-sanctuaires de l’Égypte, assimilées chacune à une fraction de l’œil, sont énumérées du nord au sud, rassemblées en une « carte schématique » offerte par le roi au dieu Haroeris[20].
J’aimerais enfin m’attarder sur un autre de ces surnoms, moins connus. Les hiérogrammates du temple d’Edfou, en Haute-Egypte, qui étaient parmi les plus savants du pays à l’époque ptolémaïque, ont forgé un autre « surnom » encore pour désigner l’Égypte. Il s’agit de Khetem. Étymologiquement, le terme signifie « ce qui est scellé ». Il est issu de la racine khetem, qui veut dire « clore, sceller, fermer ». Cette racine est à l’origine de nombreux mots désignant le sceau, le scellement, le scelleur, le contrat de propriété, etc.
Le surnom Khetem apparaît dans le temple d’Edfou, majoritairement au sein d’épithètes et de légendes de scènes à caractère guerrier, où il est clairement fait allusion à la mise à l’écart des ennemis de l’Égypte, qui sont repoussés afin de préserver le pays des invasions étrangères, en particulier asiatiques, ou plus simplement à la protection du pays. Le dieu Horus de Mesen, dieu traditionnellement associé au nord-est de l’Égypte, est ainsi qualifié de « bon gardien de Khetem », car il est le « protecteur efficace », celui qui « repousse le Malfaisant hors de l’Égypte »[21]. Il est « un lion qui repousse Seth vers l’Asie, pour protéger Khetem du côté nord »[22]. Je pourrais multiplier les exemples qui font allusion au rôle de la divinité ou du roi dans la défense du pays, en particulier dans la défense de sa frontière nord-orientale. Or, au Nouvel Empire, les postes-frontières fortifiés du pays étaient désignés par le mot khetem. Tous ces postes-frontières n’avaient pas la même importance, mais l’un des plus stratégiques était justement celui de la frontière nord-orientale, dans la région de Tjarou. Il marquait de ce côté-là la porte de l’Égypte, au débouché des routes en provenance de Syrie-Palestine. Par l’emploi de ce terme khetem à l’époque ptolémaïque (à une époque où les postes-frontières n’étaient plus désignés par ce terme) pour désigner l’Égypte, il s’agit donc, par métonymie, d’assimiler le pays tout entier à une structure fortifiée, et plus particulièrement à celle de Tjarou, la région de Tjarou-Mesen étant celle où Horus de Mesen, dieu combattant prenant régulièrement la forme d’un lion, se tient pour défendre l’Égypte contre les intrusions venant de l’Orient. La création de ce surnom de l’Égypte sous Ptolémée VIII a d’autant plus de pertinence que le pays est menacé à ce moment là par des invasions venant de l’Est (royaume séleucide).
Enfin, dernier point, comme souvent dans les textes égyptiens, les séquences où Khetem est employé pour désigner l’Égypte contiennent de nombreuses allitérations. Or, comme le résume S. Sauneron, « la littérature sacrée comporte un rythme, des assonances, des jeux de mots phonétiques, qui, sans être des définitions, suggèrent sans cesse à l’auditeur toute la subtile harmonie d’un monde où les couleurs et les sons se répondent »[23], « dès l’instant que l’on considère les mots comme intimement liés à l’essence des êtres ou des choses qu’ils définissent, les ressemblances de vocables ne sauraient être fortuites : elles traduisent une parenté de nature, un rapport subtil que la science des prêtres aura à définir »[24].
En conclusion sur ce cas, il apparaît clairement qu’à l’époque ptolémaïque, différentes strates de sens, associées à des événements réels ou mythologiques, s’entremêlent dans le vocable Khetem, devenu toponyme. Élaborée par les lettrés d’Edfou, cette nouvelle désignation de l’Égypte fut adoptée non seulement en raison du sens porté par la racine khetem, « sceller, clore », mais aussi en souvenir des installations fortifiées de Tjarou au Nouvel Empire, et du mythe d’Horus de Mesen, protecteur de la frontière nord-orientale, point-clé pour la défense du pays. On est là dans une « géographie de la nostalgie », pour reprendre une expression forgée par J. Le Goff pour le Moyen-Âge[25]. Nostalgie d’un monde clos, nostalgie d’un empire étendu et puissant, celui de l’Égypte du Nouvel Empire.
Il y a donc, pour chacun de ces « surnoms », le choix de la part des scribes d’une propriété du référent, ou plutôt d’une propriété relevant de l’essence de ce référent, qu’ils espèrent actualiser en le nommant ainsi. On retrouve là l’une des caractéristiques de la pensée égyptienne, qui fonctionne par analogie et cherche à exprimer l’essence des choses. Seule la multiplication des perspectives permet d’appréhender cette essence par définition cachée. Les manières très variées de nommer ou surnommer le pays à l’époque ptolémaïque ont en effet un rapport intime avec la perception de l’espace égyptien et sa définition.


Quand le roi ordonne le monde : les noms-programmes et leur rôle dans la définition du modèle territorial établi par le pouvoir en place.

Le pouvoir politique a également une grande place dans les processus de nomination, et plus généralement dans l’organisation de l’espace. Donner des noms nouveaux, et surtout des noms qui expriment en eux-mêmes un programme politique, est l’un des procédés qui, dans l’esprit des Égyptiens, permettait de s’approprier mais aussi de changer la nature même de l’espace (conjointement à l’implantation de villes nouvelles, ou plus simplement à la gravure d’inscriptions rupestres royales sur les frontières qui permettaient de se réapproprier des lieux symboliques pour les populations locales).
L’exemple des « noms-programmes » des forteresses égyptiennes en Nubie est à ce titre particulièrement révélateur. Après la conquête de nouveaux territoires au Moyen Empire et au Nouvel Empire, le pouvoir égyptien a en effet mis en œuvre une grande variété de moyens – politiques, symboliques, religieux, économiques – pour établir sa domination. L’un d’eux était la fondation de nouvelles forteresses ou villes, qui constituaient le « squelette », la « structure » de sa domination. Concentrons-nous en particulier sur les conquêtes égyptiennes en Nubie. Au Moyen Empire, deux types de noms furent donnés à ces nouveaux établissements humains, qui correspondent aux deux étapes de conquête de la région et de construction des forteresses destinées à asseoir la domination égyptienne [fig. 4] :
-     Par un processus de « recyclage toponymique », certaines forteresses sont désignées par des endonymes, c’est-à-dire des toponymes issus de la langue parlée dans la région où se situe l’établissement nommé, ici donc le nubien (ex. Iqen, Baki, Koubban, Miam).
-     D’autres forteresses sont désignées par ce que l’on pourrait appeler des « noms-programmes », de sens agressif pour la plupart. Ces noms résument et symbolisent la politique des rois égyptiens en Nubie. Ils sont presque tous formés sur le même schéma : le verbe au participe perfectif/imperfectif actif exprimant une action agressive[26] suivi de l’objet de cet action (ethnonyme/désignation d’un pays étranger). Le « nom-programme » ainsi formé exprime la domination du roi égyptien sur ce peuple ou cette région. Ces noms s’inspirent largement ou reprennent fidèlement la phraséologie royale telle qu’elle est développée dans les noms royaux et/ou les épithètes royales, ainsi que dans les hymnes[27].


Fortification et toponyme étaient donc conçus ensemble pour dominer les populations locales nubiennes, mais aussi pour effrayer le royaume de Kerma, le seul pouvoir nubien organisé d’importance à cette époque.
Après avoir perdu cette région durant la Deuxième Période Intermédiaire, qui est une phase de morcellement du pouvoir centrale en Égypte, les nouveaux rois qui refondent à leur profit l’unité du royaume au Nouvel Empire se lancent immédiatement à la reconquête des territoires perdus et à la conquête de territoires supplémentaires, jusqu’à la 4e cataracte du Nil. Ils fondent alors de nouveaux des villes fortifiées. Dans leur nomination, on constate le même mélange entre endonymes et noms-programmes. Mais ces derniers, contrairement à ce qui avait été observé pour le Moyen Empire, présentent dans leur grande majorité un sens pacifique, exprimant assez bien en cela le changement de nature de la domination égyptienne en Nubie au Nouvel Empire, période durant laquelle toute opposition réellement dangereuse avait été éliminée. Les établissements construits par les Égyptiens à cette époque sont d’ailleurs beaucoup plus légèrement fortifiés qu’au Moyen Empire.

La néotoponymie a donc joué un rôle notable dans le processus de resémantisation des territoires conquis au-delà des frontières traditionnelles de l’État égyptien. Les toponymes sont des signes très forts d’appropriation et de domination : nommer les lieux constitue un acte politique fondateur, qui changeait, dans l’esprit des Egyptiens, la nature et la symbolique de ces espaces. Les noms-programmes examinés ici constituaient en quelque sorte un récit qui transformait / érigeait l’espace nubien en territoire égyptien. Le nom du roi y avait une place primordiale, de même que ses épithètes. Au-delà même du processus d’appropriation, les toponymes de sens agressif, grâce à la performativité du nom, prenaient place dans le système symbolique et magique de défense et de domination des territoires conquis.


Toponymie « concrète » et perception du milieu

La plupart des sources écrites qui nous sont parvenues sont issues de l’élite de la société égyptienne. Seuls quelques pourcents de la population égyptienne étaient en effet capables de lire et d’écrire ; il est donc difficile de savoir si la vision du monde développée dans les temples et les documents royaux était partagée par tous les Égyptiens, et à quel degré. D’où l’importance de la microtoponymie – désignation de hameaux, de champs, etc. – dont on a quelque idée grâce à des listes de domaines agricoles, des stèles de donations de champs indiquant des repaires paysagers, et à un petit nombre de documents fiscaux du Nouvel Empire.
Le papyrus Wilbour est à ce titre un document clé – et l’un des rares – pour observer la « fabrique toponymique » dans le contexte concret des campagnes égyptiennes[28]. Il date de l’an 4 du règne de Ramsès V (v. 1160-1156 av. J.-C.). C’est un papyrus fiscal, donnant la localisation, la surface, le gestionnaire et les revenus fiscaux de certains types de terre. La localisation de chaque parcelle est indiquée par son orientation (selon les directions cardinales) par rapport à un repère ; parfois un second repère est mentionné, si un seul ne suffit pas. Les toponymes sont donc employés ici uniquement pour leur valeur locative : ex. « Mesures prises au sud-est de Iy-idehou » ; « Mesures prises dans l’île au nord-est de Per-pa-ma » ; « Mesures prises au nord de Pen-Shasou, dans le Lac d’Iryut » ; « Mesures prises dans le plan d’eau à l’est de Sharopé ».
Ces opérations sont menées par des arpenteurs dont on ignore malheureusement l’identité, car le début du texte est perdu. Or il est justement important de prêter attention à l’identité des arpenteurs élaborant ce type de documents cadastraux ou fiscaux, car elle peut influer sur la manière de rendre compte de la localisation des parcelles. La transmission toponymique n’est en effet sans doute pas tout à fait identique selon que les opérations sont réalisées par du personnel originaire de ou étrangers à la zone arpentée.
Même s’il ne livre pas l’ensemble du répertoire toponymique des régions recensées (grossièrement entre le nord du Fayoum et Minia, en Moyenne-Égypte : soit environ 140 km), près de 800 repères différents sont fournis pour la localisation d’environ 3400 parcelles de terre. Certaines indications relèvent de la toponymie, d’autres du simple repère paysager, qui n’était pas forcément destiné à être pérennisé. Si nous ne pouvons replacer précisément sur une carte la plupart des toponymes mentionnés dans ce papyrus, leur étude peut à mon sens en dire long sur les rapports entre l’homme et son milieu. Le papyrus est ainsi une source remarquable pour l’étude des processus de fixation toponymique et pour comprendre quel type de repère devient un toponyme. Comme le soulignait Augustin Berque lors du précédent séminaire, « la perception trie et traite l’information pour en faire de la signification. Les données physiques de l’environnement deviennent ainsi le sens d’un certain milieu »[29]. Qu’est-ce qui « fait sens » pour les Égyptiens dans le donné environnemental et est donc choisi comme repère ?
Il faut donc pour cela – et c’est un travail qui m’occupe depuis un moment – dresser une typologie des toponymes utilisés dans le papyrus ; comprendre quels sont les éléments de milieu qui ont été choisis pour composer ces toponymes (ce qui pourra d’ailleurs donner quelques idées sur des composantes du paysage antique et sur la nature de l’occupation humaine) et donc comment les rédacteurs de ce papyrus percevaient leur milieu, comment ils s’orientaient, se repéraient, etc.
Les premiers résultats indiquent que la place de l’humain dans la toponymie du papyrus Wilbour est importante : les termes désignant des établissements humains - habitations isolées, villas, greniers, tombes, etc. - sont régulièrement employés. Il n’est d’ailleurs pas toujours aisé de comprendre s’ils appartiennent au toponyme ou le précèdent, dans le schéma toponymique suivant, qui est le plus fréquent :


où « le village » est l’élément générique et « des soldats » l’élément spécifique. Ici, c’est un élément caractéristique de l’écriture égyptienne qui permet de comprendre que l’ensemble constitue un toponyme : le déterminatif dit « de la ville » , signe qui ne se prononce pas mais rattache le mot à une catégorie spécifique du réel, l’implantation humaine. Ce signe est très régulièrement écrit à la fin des toponymes.
L’examen de l’emploi de ce signe dans les « repères » utilisés pour situer les parcelles est d’ailleurs significatif pour comprendre la « fabrique toponymique ». Un exemple particulièrement clair est celui du §10 du Texte B. Là, l’en-tête indique que le dignitaire qui assume la responsabilité de la gestion du groupe de parcelles recensées est un « directeur des champs du district du sud ». De manière logique, plusieurs des parcelles sont situées autour de sa maison, qui joue alors le rôle de repère dans le paysage : cette « maison du directeur des champs » est mentionnée à cinq reprises dans le paragraphe, sans que le déterminatif de la ville ne soit jamais écrit à la fin de ce repère. En revanche, on note que trois autres parcelles sont orientées par rapport à des repères ou toponymes présentant la même structure que le repère « maison du directeur des champs ». Il s’agit de « la maison de Mahou », « la maison de Méryrê » et « les maisons de Houy » (Mahou, Méryrê et Houy sont des anthroponymes). Dans ces trois cas, le repère est suivi du déterminatif de la ville, qui indiquerait qu’il s’agit de trois toponymes à part entière (il n’y a pas d’attestation d’anthroponymes seuls qui seraient devenus des toponymes ; ils sont toujours accompagnés par un élément générique). L’emploi du déterminatif de la ville dans ce paragraphe ne relève donc pas du hasard et permet de comprendre comment l’on peut passer du simple repère paysager au toponyme.
Les champs lexicaux relatifs au relief (colline, vallée, hauteur), à la végétation (plantes basses, arbustes et arbres), aux types de terres (îles, terres neuves, terres riveraines…), à l’eau, sont également employés dans des proportions variées (étude en cours).

On le voit, même si les sources égyptiennes sont souvent lacunaires et difficiles à exploiter, les différents systèmes toponymiques fournissent des entrées variées pour essayer de comprendre l’univers mental des Égyptiens et surtout les relations qu’ils entretiennent avec leur milieu.
C’est un milieu chargé de symboles, d’échos, bref de sens qui nous apparaît alors. Où les différents niveaux du monde  - monde des hommes, monde des dieux, monde des morts – entre en résonances, en contact, comme le suggère en particulier le fait que certains toponymes sont communs à ces différents mondes ou la fonction évocatoire d’une série de noms de lieux.
Chaque présentation du monde, chaque système toponymique est censé révéler tout autant que créer, l’un des multiples aspects du monde, changer sa texture tout comme, du point de vue temporel, l’événement actualise le mythe.



[1] F. Dunand, Chr. Zivie-Coche, Hommes et dieux en Égypte, 3000 av. J.-C. – 395 ap. J.-C., Paris, 2006, p. 69-104.
[2] Sur ce thème, voir E. Hornung, L’Esprit du temps des pharaons, Paris, 1996, p. 33-48.
[3] Ibid., p. 35 : CT III, 383a (spell 261).
[4] Voir les photographies de l’une des dernières crues du Nil, en 1964, prises par J. Feeney : https://www.saudiaramcoworld.com/issue/200603/the.last.nile.flood.htm (en particulier les photos 10 et 11).
[5] Pour un commentaire plus approfondi de l’ensemble de ces représentations et l’ensemble des références, cf. J.P. Allen, « The Egyptian concept of the world », dans D. O’Connor , St. Quirke (éds.), Mysterious Lands, Londres, 2003, p. 23-30.
[6] Selon les textes, le soleil nocturne vogue sur les eaux du Noun ou sur les eaux de la Douat (monde souterrain de l’au-delà) ou encore sur les eaux du ciel (dans le corps de la déesse Nout)… toutes versions qui ne sont pas perçues comme contradictoires par les Égyptiens.
[7] Voir, entre autres, le livre d’images mythologiques de Nespakachouty, datant de la XXIe dynastie (v. 1069-945 av. J.-C.), et conservé au musée du Louvre (E17420). Il montre la séparation du ciel et de la terre : http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=17858&langue=fr
[8] Seul un fragment de relief conservé à Yale peut lui être comparé.
[9] p.Turin 1879+ 1899 + 1969 : G. Goyon, « Le papyrus de Turin dit “des mines d’or” et le Wadi Hammamat », ASAE 49, 1949, p. 337-392 ; plus récemment : J.A. Harrell, V.M. Brown, « The Oldest Surviving Topographical Map from Ancient Egypt : (Turin Papyri 1879, 1899, and 1969) », JARCE 29, 1992, p. 81-105 ; D. Klemm, R. Klemm, « Pharaonischer Goldbergbau im Wadi Sid und der Turiner Mininpapyrus », dans S. Schoscke (éd.), Akten des vierten internationalen Ägyptologen Kongresses München 1985, BSAK 2, Hambourg, 1989, p. 73-88 ; M. Baud, « La représentation de l’espace en Égypte ancienne. Cartographie d’un itinéraire d’expédition », BIFAO 90, 1990, p. 51-63.
[10] Sur cette composition, voir, entre autres, P. Robinson, « ‘As for them who know them, they shall find their paths’ : speculations on ritual landscapes in the Book of the Two ways’ », dans D. O’Connor , St. Quirke (éds.), Mysterious Lands, Londres, 2003, p. 139-160.
[11] Se référer, entre autres, à St. Quirke, « Measuring the underworld », dans D. O’Connor , St. Quirke (éds.), Mysterious Lands, Londres, 2003, p. 161-182.
[12] M. Lussault, L’homme spatial, La construction sociale de l’espace humain, Paris, 2007, p. 66.
[13] B. Westphal, Le Monde plausible. Espace, lieu, carte, Paris, 2011, p. 196.
[14] X. Gouvert, Problèmes et méthodes en toponymie française. Essais de linguistique historique sur les noms de lieux du Roannais, thèse de doctorat soutenue à l’université Paris-IV Sorbonne en 2008, p. 199, URL : http://www.theses.fr/2009PA040114. Sur la définition de ces « systèmes toponymiques », voir également G. Chouquer, Traité d’archéogéographie – la crise des récits géohistoriques, Paris, 2008, p. 126.
[15] Pour les principaux ouvrages et travaux de toponymie égyptienne, voir la bibliographie suivante : http://systop.hypotheses.org/161
[16] Selon A. Engsheden, le degré de préservation des toponymes antérieurs à la conquête arabe dans la toponymie contemporaine de l’Égypte serait de 21 à 38% selon les régions (« A View on the Toponyms of the Governorate of Kafr el-Sheikh », dans F. Adrom, K. Schlüte, A. Schlüter (éds.), Altägyptische Welsichten, Akten des Symposiums zur historischen Topographie une Toponymie Altägyptens vom 12.-14. Mai 2006 in München, ÄAT 68, Wiesbaden, 2008, p. 35-49).

[17] Sur les méthodes pour aborder la toponymie religieuse, se référer tout particulièrement aux travaux de J. Yoyotte et Chr. Zivie-Coche (références dans la bibliographie signalée en note 15).
[18] Pour plus de détails, voir mon article « À propos des modes de dénomination de l’Égypte dans les textes ptolémaïques : le cas de Khetem », dans S. Dhennin, Cl. Somaglino (éds.), Décrire, imaginer, construire l’espace : toponymie égyptienne de l’Antiquité au Moyen-Âge, Actes des colloques du 30 novembre 2011 et 23-24 novembre 2012, RAPH, Le Caire (sous presse l’Ifao).
[19] J’emprunte ce terme à G. Cislaru, Étude sémantique et discursive du nom de pays dans la presse française avec référence à l’anglais, au roumain et au russe I, thèse de doctorat soutenue en 2005 à l’Université Paris III-Sorbonne nouvelle, [en ligne], p. 459-460.
[20] Ph. Derchain, « Miettes », RdE 46, 1995, p. 89-92. Voir également D. Kurth, « Die Ritualszene mit den medizinischen Instrumenten im Tempel von Kom Ombo (Nr. 950) », dans M. Schade-Busch (éd.), Wege öffnen, Festschrift für Rolf Gundlach zum 65. Geburstag, ÄAT 35, 1996, p. 153-155.
[21] nḏty mnḫ (…) šnʿ Nbḏ r Qbḥ.wy rs nfr nw Ḫtm (Edfou VI, 68, 2-3).
[22] sw m ṯȝm tkn Stẖ r Stt ḥr ḫw Ḫtm m ʿ-mḥty (Edfou VI, 16, 13).
[23] S. Sauneron, L’écriture figurative dans les textes d’Esna, Esna VIII, Le Caire, 1982, p. 54.
[24] Id., Les Prêtres de l’ancienne Égypte, Paris, 1998, p. 144.
[25] J. Le Goff, « Discorso di chiusura », dans Centro italiano di studi sull’alto medioevo (éd.), Popoli e paesi nella cultura altomedievale, 23-29 aprile 1981, Atti, 2, Settimane di studio del Centro italiano di studi sull’alto medioevo 29, Spoleto, 1983, p. 837-838.
[26] Dont l’antécédent, généralement sous-entendu, devait être le nom du roi.
[27] Voir le premier hymne du p. Kahoun (UCL 32157). Pour une traduction et un point récent sur ces hymnes, cf. B. Mathieu, « La littérature à la fin du Moyen Empire », dans G. Andreu, Fl. Morfoisse (éds.), Sésostris III, Pharaon de légende, catalogue de l’exposition du palais des Beaux-Art de Lille, Paris, 2014, p. 88-91.
[28] Sur la toponymie du p.Wilbour, se référer à mon article « Le papyrus Wilbour : une source exceptionnelle pour l’étude de la toponymie et de la microtoponymie égyptienne. Quelques réflexions tirées d’une étude en cours », Systèmes toponymiques [carnet de recherche], 7 juillet 2013 [en ligne], URL : http://systop.hypotheses.org/381.
[29] A. Berque, « La relation perceptive en mésologie – du cercle fonctionnel d’Uexküll à la trajection paysagère ».