mercredi 12 avril 2017

Le mythe et l’hypostase / A. Berque

Tiger Emerging from Bamboo (Kano Tsunenobu:1704-1713)
Minneapolis Institute of Art
Postface à Religions et écologie. Archives de sciences sociales des religions. Numéro spécial dirigé par L. Bertina, M. Gervais et A. Grisoni

Postface

 Le mythe et l’hypostase

par Augustin Berque 


Sur le chemin d’Alexandrie, on traversait Damanhour. Pas Damanhur près d’Alessandria dans le Piémont, mais دمنهور‎‎ (dɑmɑnˈhuːɾ), l’ancienne Petite Hermopolis (Ἑρμοῦ πόλις μικρά) du temps des Ptolémées. Comme vous le savez presque, maintenant que vous avez lu ci-devant l’article d’Enzo Pace, ce toponyme, prononcé Dmỉ-n-Ḥr.w en ancien égyptien, voulait dire « la ville de Hor » (dieu dont le nom fut plus tard latinisé en Horus). En passant par là au début des années cinquante, j’ignorais toutefois ces choses, et ignorais même le mot « écologie », mais en revanche, la religion m’occupait assez – en l’occurrence un rite de passage entre enfance et adolescence popularisé par saint Vincent-de-Paul (1576-1660), que les catholiques appellent aujourd’hui « la communion solennelle ». C’est dire que, sur ces routes poussiéreuses du Delta, voici une bonne dose de révolutions de la Terre autour du Soleil, je ne problématisais pas le rapport entre écologie et religion ; aussi remercié-je les trois organisateurs du présent ouvrage de me donner l’occasion d’aborder cette question sinon de face – ils l’ont déjà excellemment fait dans leur prologue –, du moins en postface, autrement dit par derrière. Eux l’ayant fait à partir de l’Occident, versant du monde où domina longtemps le christianisme, je le ferai donc plutôt à partir de l’Orient, où ce ne fut pas le cas. Juste pour comparer.